Entretien avec Ronald Diab, directeur de la société National
Energy Consultants
Cette semaine nous sommes allés rencontrer Monsieur
Ronald Diab qui dirige la société National Energy Consultants. Faire
économiser les entreprises sur leurs dépenses en énergie,
et par là même contribuer à un meilleur environnement, voilà
le défi que cette société relève chaque jour. Voyons
comment :
First Lebanon : Pouvez-vous définir les activités
de votre société ?
Ronald Diab : Nous sommes dans ce que l'on appelle la conservation d' énergie,
nous réalisons donc des audits de consommation et d'utilisation d'énergie.
Nous allons aussi plus loin, en fonction des résultats de l'audit nous
sommes à même de prendre en charge le projet et de mettre en place
les solutions qui vont assurer l'économie d'énergie. Le plus important
étant la phase de contrôle et de vérification des objectifs.
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Il faut savoir que nous parlons ici d'énergie thermique et électrique.
F.L : Qui sont vos clients ?
R.D : Toute organisation qui a une consommation d'énergie importante est
un client potentiel. Les industries, les hôtels, les grandes surfaces, les
immeubles gouvernementaux.
F.L : Il y a donc deux grands type d’activité, l’audit
et la mise en place des solutions une fois l’audit réalisé.
Les deux sont elles indépendantes ? Vous pouvez certaines faire l’audit
seul et d’autres la mise en place des solutions ?
R.D : Oui, en fait l’audit est un travail qui et bien sûr facturé.
C’est un contrat à part entière et un travail un peu similaire
à celui d’un audit financier.
Le client reçoit une étude complète sur sa situation actuelle
en terme d’énergie : quelles sont les grands postes de consommation,
luminaires, air conditionné, moteurs, résistances et nos recommandation
en vue d’une optimisation de la consommation et donc d’une économie.
L’audit inclut en fait tout un volet financier, une étude de faisabilité,
si on applique ces suggestions quel en sera l'impact, le retour sur investissement…
A ce stade le client à le choix entre se contenter de cet audit ou aller
plus loin. S’il opte pour la deuxième solution, cela amène
alors à un deuxième contrat dit « contrat d’économie
garantie » dans lequel nous nous engageons à respecter les économies
que nous envisagions lors de la phase d’audit.
Ce contrat comporte trois étapes :
La négociation du contrat vient avec le financement du projet,
en effet le client peut échelonner ses paiements et ainsi ne nous payer
que 600 dollars par mois alors qu’il fait une économie de 700, il
est alors immédiatement gagnant. La partie finance est donc importante
et ceci est vrai pour tous les contrats de ce type au monde.
Alors vient l’étape de la mise en ouvre des solutions proprement
dite.
Puis la phase de contrôle et vérification. Celle ci est très
importante et relativement complexe. Nous prenons les mesures de consommations
et pour une industrie il y a une multitude de variables : la production, les shifts
par jour, si il s’agit d’un hôtel la météo joue
un rôle, le taux d’occupation, bref beaucoup de paramètres
sont à prendre en compte.
F.L : Et selon quel est l’état d’avancement du Liban
dans ce domaine ?
R.D : En fait nous avons axé nos travaux principalement sur les industries,
et il est clair que les industriels libanais sont intéressés par
les économie d’énergie qu’ils peuvent réaliser,
qui ne le serait pas ? Il reste cependant beaucoup à faire au niveau de
la prise de conscience, ceux qui savent que des solutions existent sont prêts
à les étudier, pour les autres il y a un travail d’information
à faire.
F.L : Votre travail a un impact sur l’environnement ?
R.D : Bien sûr, il y a un lien direct entre énergie et environnement.
Quand on réduit la consommation énergétique, on réduit
potentiellement la production également qui est un agent pollueur important.
Pour chaque kilowatt / heure de gagné, c'est autant de CO2 de rejeté
dans l'atmosphère en moins.
Pour ce qui et de l'énergie thermique, nous nous employons à récupérer
à partir de leur source, la chaleur ou les gaz émis afin de les
réutiliser dans des processus industriels, comme ça nous améliorons
le rendement énergétique de l’usine tout en réduisant
son impact sur l’environnement.
F.L : Pour conduire toutes ces tâches, qui sont, pour certaines
complexes, de quel type d’outils et de matériel disposez vous ?
R.D : Toute la panoplie des instruments de mesure thermique, électrique,
énergétique.
Mais au delà de çà, il existe un protocole mondial dans ce
domaine qui relie les variables à la consommation énergétique
: le Kw/H à l’activité d’un hôtel par exemple.
Nous allons donc relier le passé énergétique de l’organisation
considérée à son activité ; ensuite cette mesure nous
sert d’étalon pour étudier les résultats après
installation de la solution.
Nous avons bien sûr des logiciels de simulation, des logiciels de calcul
et d’interprétation pour appliquer ce protocole et relié les
données recueillies entre elles.
F.L : Vous conduisez ces opérations au Liban seulement ou également
dans d’autres pays ?
R.D : Actuellement nous travaillons dans 5 pays : Liban, Egypte, Syrie, Chypre
et la Grèce où nous avons fondé une compagnie il y à
un mois et nous commençons ces jours ci.
Le Liban a toujours été notre pays le plus actif, nettement mois
pour l’Egypte mais nous sommes positionnés pour le moyen terme. A
Chypre nous avons pris plusieurs projets et de là ,nous entrons sur le
marché grec où nous avons déjà réalisé
une étude de faisabilité ce qui est très encourageant pour
la suite.
En effet, dans ces deux derniers pays, le travail d’information que je mentionnais
plus haut à déjà été réalisé
et les décideurs sont conscients de l’importance d’avoir une
politique d’économie d’énergie, le travail est plus
simple. De plus depuis 10 ans l’Union Européenne débloque
des fonds considérables pour l’environnement.
Pour vous donner un exemple à Chypre les projets sont financés à
hauteur de 30 % pour la partie mise en place de solutions et un autre organisme
finance 50 % du coût de l’audit, ceci n’existe pas au Liban.
Tout récemment au Liban le PNUD a lancé un programme, le Global
Environment Fund qui comporte un volet sur les économies d’énergie
et ils vont financer complètement les audits. Ca va donc dans la bonne
direction.
F.L : Quelle place occupez vous sur ce marché au niveau local ?
R.D : Disons que nous sommes les seuls à proposer des solutions complètes.
De plus l’expérience que nous avons acquise sur nos différents
marchés nous aide considérablement : lorsque nous visitons un hôtel
pour la première fois, nous avons déjà réalisé
des audit et déployé des solutions dans 50 hôtels au par avant.
Ce niveau d’expertise nous facilite beaucoup le travail même si chaque
cas est unique.
F.L : Une dernière chose quelles économies est on en droit
d’espérer d’une telle démarche ?
R.D : Comme je vous l’ai dit un grand nombre de paramètres
entrent en ligne de compte, tout dépend du type d’activité,
de la consommation actuelle, etc.. Disons pour donner une fourchette large que
cela varie de 5 à 20 % d’économie...
Yann Rotil
Beyrouth 15 mai 2003 |
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