Le secteur de la construction au Liban – Interview
de Robert Khalife - Mars 2004
En tant que directeur de la société Fouad Khalife qui opère
dans le secteur de la construction au Liban, Robert Khalife possède une
grande expérience et une vue d’ensemble sur le secteur. |
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First Lebanon : Bonjour Monsieur Khalife, on a coutume de dire que
quand la construction va tout va, comment va la construction au
Liban ?
Robert Khalife : Tout d’abord merci de m’accorder cette interview.
Pour ce qui est de la construction au Liban on peut dire que le secteur connaît
actuellement un niveau parmi les plus bas qu’il ait connu depuis cinq ans.
Il faut cependant replacer ce résultat dans son contexte et noter que la
situation générale est défavorable.
Ceci dit, il semble que tout le monde travaille actuellement dans la région,
à l’amélioration du contexte général : la guerre
en Iraq est derrière nous et je suis assez optimiste pour cette année
et l’année prochaine. Reste le problème de la dette publique
qui met une pression sur l’économie.
F.L : Vous parlez d’un plus bas depuis cinq ans, qu’en était-t-il
avant ?
R.K : En effet il y a dix ans le Liban sortait de la période de conflit
et beaucoup de travaux, tant au niveau de l’infrastructure que des projets
particuliers, ont vu le jour. Ca réellement été une période
de boom pour le secteur. Il y avait une demande relativement élevée
pour des logements, maintenant l’offre est bien supérieure à
la demande et les gens sont beaucoup plus attentifs à l’emplacement,
au produit qu’ ils vont construire ainsi qu’au public pour ce produit.
Il y a actuellement des projets importants au Liban, mais pas suffisamment pour
que cela entraîne l’ensemble du secteur.
F.L : Vous nous dites qu’avant les constructions se faisaient sans étude
préalable, et qu’à présent le secteur se professionnalise,
que les constructeurs y regardent à deux fois avant de lancer les projets,
et préfèrent être assurés de vendre les biens avant
d’entamer la construction.
R.K : Exactement. C’est une tendance lourde. Le promoteur immobilier veut
savoir où il va.
F.L : Justement, quels sont les gros projets actuellement en cours de développement
au Liban ?
R.K : Les principaux sont Marina Towers et les autres projets entre la corniche
et le centre ville, Dora Commercial Center, Metropolitan Hotel et Metropolitan
Center. Mais comme vous le constatez tous ces projets sont à Beyrouth,
assez peu a été fait en dehors de la capitale.
En fait le facteur qui déclenchera un nouveau boom dans la construction
sera le règlement de la situation régionale. Cela ,permettra d’obtenir
la confiance des investisseurs sur des projets au sud du Liban qui a un gros potentiel
de développement touristique.
Les projets en cours concernent des appartements d haut standing, des hôtels,
des centre commerciaux qui intéressent une clientèle venant des
pays du golfe.
F.L : Quelle est la structure du secteur de la construction au Liban ?
R.K : Contrairement à ce qu’on croit la vitalité du secteur
repose plus sur les petits projets de particulier ou de petites entreprise que
sur les gros projets qui ne font travailler que les très grosses entreprises
nationales. Les gros projets destinés à une clientèle très
aisée ont beaucoup recours aux importations pour tout ce qui concerne la
finition, alors que les projets plus modestes utilisent la production locale et
maintiennent la valeur ajoutée à l’intérieur du pays.
Il y a un indicateur qui est représentatif de l’activité du
secteur, c’est celui des ventes mensuelles de ciment, bien qu’on ne
sache pas comment il est ventilé entre les travaux d’infrastructure
et la construction. Le prix du ciment fluctue, au Liban il est fixé par
accord entre les fournisseurs.
Espérons qu'en 2004 le bâtiment ira mieux et que donc tout ira mieux.
Beyrouth, le 3 mars 2004
Yann Rotil
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