Santé - Deux repères médico-financiers
Le débat est d’actualité, encore une fois : comment avoir une meilleure santé à moindre coût ? Deux cas d’études pour donner à ce débat un semblant de travaux pratiques.
Les césariennes* |
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Au-delà de leur dimension médicale, les accouchements par césarienne représentent aussi des charges financières supportées par les assurances ou les ménages, mises en relief par MedNet.
Le nombre d’accouchements par césarienne augmente à nouveau, du moins au Liban, et à moindre degré dans d’autres pays, d’après les données de MedNet. Selon le gestionnaire libanais des soins de santé (pour le compte des assureurs), le taux d’accouchements par césarienne a atteint un niveau record, soit 40 %, ou 4 accouchements sur 10. Alors que le taux des césariennes était de 26 % en moyenne sur la période 1991-1998, selon un premier rapport de MedNet, publié il y a quelques années. Le taux actuel, jugé très élevé par les organisations internationales, n’a pu être justifié adéquatement. Plusieurs études l’ont attribué à une nouvelle mode. Alors que d’autres pointaient du doigt les mariages sur le tard qui retardent d’autant l’âge de la maternité. Cependant, il ne faut pas négliger l’idée que les administrateurs d’hôpitaux et les médecins aient aussi contribué à cet accroissement.
Selon MedNet, l’accouchement par césarienne présente des risques médicaux pour le bébé et la mère, selon les statistiques accumulées (ce qui occasionne là aussi des frais supplémentaires qui auraient pu être évités).
En matière de coût hospitalier, le tarif moyen appliqué pour un accouchement par césarienne est de 2 300 $ (en 2004) en 1re classe et de 1 200 $ en 2e classe, contre environ la moitié pour un accouchement normal.
(*) Tiré du rapport préparé par l’actuaire Sarkis el-Zein (MedNet).
L’hospitalisation générale*
Là aussi, des écarts, peut-être moins visibles, existent pour ce qui est de nos us et coutumes hospitaliers.
Quelques indices morbides pour le constater.
• Environ 50 % des dépenses de santé partent en frais d’hospitalisation, ce qui fait de cette dernière la plus importante source de dépenses médicales (selon, encore une fois, le portefeuille de MedNet sur la période 2002-2004).
• Seulement 4,8 % des admissions en hôpital se font en urgence.
• Sur la période 2002-2004, sur quelque 67 800 hospitalisations (gérées par MedNet), 3 239 cas sont passés par les urgences dont 18 % pour des troubles circulatoires, 13 % pour des problèmes digestifs et 12 % pour des difficultés respiratoires.
• Dans la tranche d’âge des 18-44 ans, les femmes sont beaucoup plus souvent sujettes aux hospitalisations en urgence (en raison des grossesses et des incidents qui peuvent en résulter). Cette tranche représente 35 % du total des hospitalisations féminines en urgence, contre 29 % pour les hommes.
• Logiquement, cette tendance évolue vers un équilibre pour la tranche 45-64 ans, pour finalement s’inverser entre 65 et 79 ans, où les hommes seront plus souvent admis en urgence.
• Ces répartitions se retrouvent peu ou prou pour les hospitalisations à froid (sans urgence) : les femmes sont l’objet de 55 % des hospitalisations, compte tenu du facteur grossesse et accouchement. Dans la tranche d’âge des 18-44 ans, le ratio d’hospitalisation bascule même jusqu’à 2 femmes hospitalisées pour 1 homme (alors que l’égalité sera maintenue si l’on exclut les demandes liées à la maternité).
• La chimiothérapie détient la palme de la première cause unique d’hospitalisation, avec 6,35 % du total. Au niveau des grandes catégories pathologiques, 12,8 % des hospitalisations sont dues à des maladies des voies respiratoires, suivies de près par les grossesses et accouchements (avec 12,7 %), puis les troubles digestifs (10,8 %) et les problèmes circulatoires (10,4 %).
• Ces hospitalisations peuvent malheureusement être prolongées et compliquées par des troubles antérieurs. En effet, 24 % des patients – essentiellement parmi les plus de 45 ans – souffrent d’au moins une complication : hypertension (dans 10 % des cas), diabète (7 % des cas), etc.
• Par ailleurs, les hospitalisations de longue durée restent relativement rares ; les top 10 séjours hospitaliers les plus longs ne représentent collectivement que 0,05 % de l’ensemble des admissions à l’hôpital. À leur tête arrive la trachéotomie, avec 133 jours, puis les soins comprenant une rééducation…
• De même, les soins excessivement coûteux ne sont pas courants non plus : les 10 troubles les plus onéreux que MedNet a eu à traiter représentent eux aussi 0,05 % du total des cas d’hospitalisation.
• Il va de soi que la longueur du traitement contribue à sa cherté ; d’ailleurs, avec un séjour moyen de 47 jours, la méningite cryptococcale s’avère être la maladie la plus lourde financièrement, avec un coût total moyen de 74 454 $.
• À noter enfin que les principales causes de décès au sein de l’hôpital sont liées à des problèmes cardiaques ou à un cancer, qui sont à l’origine de 66 % des décès.
(*) Bulletin de MedNet : Leading Causes of Hospitalizations and In-Hospital Mortality, août 2005 (couvrant la période 2002-2004 dans le portefeuille de MedNet). L’étude est également signée Sarkis el-Zein.
Beyrouth
28-02-2006 Rédaction Le Commerce du Levant |